Je viens de lire un article dans le journal de l'habitation sur la perte de connaissances liée au départ des séniors. Derrière tout cela il y a des enjeux politiques lié au système de retraite qui sont évoquées et sur lesquels je ne suis pas d'accord. Néanmoins, il y a quelque chose que je retiens :
Pourquoi, pour certain la retraite est-elle vécue comme une mise au rencart alors qu'elle est vue comme une chance de vivre enfin pour d'autre ?
Cela tient en fait de la nature du travail : est-ce un travail sur lequel je n'ai aucune prise ? On me demande d'exécuter un certain nombre de tâches, je le fais mais je n'y met aucune part de moi-même. Ma vie commence après le temps passé à ces tâches. Le travail est donc le moyen de pouvoir, au mieux de mes attentes, vivre, mais il est extérieur à ma vie.
Alors que pour les personnes qui ont une prise sur leur travail, ce dernier devient leur oeuvre, à la manière d'un compagnon devant réaliser son chef d'oeuvre. J'y vois trois dangers :
- celui d'être un jour dépossédé de son oeuvre : par plus jeune, plus compétent, par obsolescence, par défaut d'innovation, du à la fatigue accumulée... avec les conséquences psychologiques inhérente (j'ai le souvenir d'une cousine à qui c'est arrivé et qui a fait une dépression)
- celui de ne voir que l'oeuvre au dépent de l'intérêt général. Et là je pense au "pont de la rivière Kwaï" de Pierre Boule qui est le récit particulièrment riche d'un officier anglais, prisonnier des japonnais pendant la seconde guerre mondiale et qui va accepter de construire un pont stratégiquement nuisible pour les alliés. Son investissement va le pousser à s'opposer au commando en charge de sa destruction et ainsi à trahir ses compatriotes. A lire et à relire.
- Enfin bien sûr la dérive totalitaire, car pour pousuivre son oeuvre, d'autant plus si elle est importante, il est nécessaire d'avoir l'aide des autres. La coercition peut devenir la norme de travai pour arriver à ses fins. Je ne suis pas sûr d'ailleurs que les autres formes de management ne conduisent pas au même résultat. Il y a le leader qui a une vision qu'il veut imposer. Le seul moyen de lutter contre cela étant alors d'avoir une vision commune : l'intelligence collective, je crois. Mais est-on capable d'écouter les autres ? Mais est-on capable de commmuniquer sur sa vision ?
Pour finir sur le sujet, j'ai un copain qui est agriculteur. Pour lui, son travail et sa vie sont intimement lié, au point qu'il n'y voit aucunes différences. Il y a des moments intenses (la récoltes du maïs où il ne dort que deux ou trois heures pendant quinze jours) mais aussi des temps très cool. Il peut passer voir un copain, agriculteur comme lui et discuter l'après midi devant un café. Temps forts et temps faibles s'enchaîne au rythme des animaux qu'il élève mais aussi selon son propre rythme. Une grande part de son travail est aussi consacré à la conversation et à l'échange avec les agriculteurs de la région avec qui il échange informations, connaissances, aides ponctuelles ou tâches annuelles dans un contexte locale : son village. Il travaille dur mais pour lui ce n'est pas un travail, c'est sa vie. Aucune aliénation, aucune oeuvre à mener.
J'ai toujours été frappé par cet écart entre sa conception très terre à terre (et l'expression est à dessein) et la vie urbaine ou le travail a été inventé et où il a pris, positivement ou négativement une importance considérable au point d'être mis en dehors de la vie.
Que celle-ci soit prise à 55, 60, 65 ou 70 ans, voire plus tôt ou plus tard pour les plus chanceux sinon les plus passionnés, la retraite ne doit pas signifier la mise au rancart. Pourtant, il s'agit trop souvent de la triste réalité. À l'ère de la performance et du vite consommé vite jeté, rarement recyclé à notre grand désarroi, on se prive d'une somme d'expérience et de savoir-faire inestimable. Comme si la vitesse effrénée de notre monde pas aussi évolué qu'on pourrait l'espérer ou encore souhaiter, n'accordait aucune valeur à nos prédécesseurs. Ils font indéniablement partie des fondements de la société dans laquelle nous évoluons et à laquelle nous contribuons.
Pourquoi, pour certain la retraite est-elle vécue comme une mise au rencart alors qu'elle est vue comme une chance de vivre enfin pour d'autre ?
Cela tient en fait de la nature du travail : est-ce un travail sur lequel je n'ai aucune prise ? On me demande d'exécuter un certain nombre de tâches, je le fais mais je n'y met aucune part de moi-même. Ma vie commence après le temps passé à ces tâches. Le travail est donc le moyen de pouvoir, au mieux de mes attentes, vivre, mais il est extérieur à ma vie.
Alors que pour les personnes qui ont une prise sur leur travail, ce dernier devient leur oeuvre, à la manière d'un compagnon devant réaliser son chef d'oeuvre. J'y vois trois dangers :
- celui d'être un jour dépossédé de son oeuvre : par plus jeune, plus compétent, par obsolescence, par défaut d'innovation, du à la fatigue accumulée... avec les conséquences psychologiques inhérente (j'ai le souvenir d'une cousine à qui c'est arrivé et qui a fait une dépression)
- celui de ne voir que l'oeuvre au dépent de l'intérêt général. Et là je pense au "pont de la rivière Kwaï" de Pierre Boule qui est le récit particulièrment riche d'un officier anglais, prisonnier des japonnais pendant la seconde guerre mondiale et qui va accepter de construire un pont stratégiquement nuisible pour les alliés. Son investissement va le pousser à s'opposer au commando en charge de sa destruction et ainsi à trahir ses compatriotes. A lire et à relire.
- Enfin bien sûr la dérive totalitaire, car pour pousuivre son oeuvre, d'autant plus si elle est importante, il est nécessaire d'avoir l'aide des autres. La coercition peut devenir la norme de travai pour arriver à ses fins. Je ne suis pas sûr d'ailleurs que les autres formes de management ne conduisent pas au même résultat. Il y a le leader qui a une vision qu'il veut imposer. Le seul moyen de lutter contre cela étant alors d'avoir une vision commune : l'intelligence collective, je crois. Mais est-on capable d'écouter les autres ? Mais est-on capable de commmuniquer sur sa vision ?
Pour finir sur le sujet, j'ai un copain qui est agriculteur. Pour lui, son travail et sa vie sont intimement lié, au point qu'il n'y voit aucunes différences. Il y a des moments intenses (la récoltes du maïs où il ne dort que deux ou trois heures pendant quinze jours) mais aussi des temps très cool. Il peut passer voir un copain, agriculteur comme lui et discuter l'après midi devant un café. Temps forts et temps faibles s'enchaîne au rythme des animaux qu'il élève mais aussi selon son propre rythme. Une grande part de son travail est aussi consacré à la conversation et à l'échange avec les agriculteurs de la région avec qui il échange informations, connaissances, aides ponctuelles ou tâches annuelles dans un contexte locale : son village. Il travaille dur mais pour lui ce n'est pas un travail, c'est sa vie. Aucune aliénation, aucune oeuvre à mener.
J'ai toujours été frappé par cet écart entre sa conception très terre à terre (et l'expression est à dessein) et la vie urbaine ou le travail a été inventé et où il a pris, positivement ou négativement une importance considérable au point d'être mis en dehors de la vie.
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